Après une émission, une conversation entre amis, une campagne de sensibilisation, vous vous êtes forcément posé cette question à un moment : faut-il devenir végétarien ?
Quelles raisons pour devenir végétarien ?
Lorsqu’on devient végétarien, les raisons peuvent être variées et multiples : pour l’environnement, pour le bien être animal, pour maigrir, pour améliorer sa santé, etc. Mais est-ce que ces raisons sont fondées ? Devenir végétarien peut-il avoir un réel impact sur la planète et sur notre santé ? Penchons-nous sur la question.
Devenir végétarien pour l’environnement
On met souvent en relation régime végétarien et environnement. Pourquoi ? Car l’élevage est une des sources de pollution les plus importantes. En 2016, l’industrie de la viande était responsable de 15 % des émissions de gaz à effet de serre, ce qui représente plus que les émissions engendrées par l’industrie automobile ou aéronautique. L’élevage produit trois types de gaz à effets de serre : le méthane, le CO2, et le protoxyde d’azote.
Mais ce n’est pas tout, l’élevage demande également d’énormes quantités d’eau : pour produire 1 kilo de viande bovine, on estime que 13 500 litres d’eau sont nécessaires. Cela baisse à 4 900 litres pour 1 kilo de porc, et 4 000 pour un kilo de volaille, ce qui est déjà conséquent. Il y aussi la question de la pollution de l’eau, entre les hormones et les antibiotiques administrés aux animaux, et les engrais utilisés dans les champs dédiés au bétail, qui se retrouvent bien souvent dans l’eau.
Enfin, sur l’aspect environnement, beaucoup pointent du doigt la question du rendement. Aujourd’hui, 70 % des terres agricoles sont dédiées à l’alimentation du bétail, sans compter les terrains dédiés à l’élevage.
Si on exploitait ces terres pour produire des céréales ou des légumes destinés à la consommation humaine, le rendement serait bien plus important et permettrait de nourrir beaucoup plus de personnes.
Ces chiffres démontrent clairement que la surconsommation de viande nuit à l’environnement, mais ils sont tout de même à nuancer. Les chiffres sur la consommation d’eau proviennent d’élevages intensifs, et ne s’appliquent pas à chaque exploitation. Il existe de plus en plus d’élevages raisonnés où les quantités de gaz à effet de serre émis, ainsi que la consommation d’eau sont réduites.
Avant de tourner le dos de manière définitive à la viande, il convient donc de réfléchir à une manière de la consommer plus (éco)responsable : en évitant les produits industriels provenant d’élevages intensifs, et en misant sur du local et sur de la qualité.
Notre consommation joue aussi un rôle dans cette histoire : plusieurs études montrent que si la majorité de la population devenait végétarienne, on polluerait tout autant, voir plus, en reportant notre consommation sur d’autres produits qu’il faudrait surproduire. Il semblerait alors que consommer moins et mieux serait plus éco-friendly, que de ne plus consommer de viande du tout.
La question du bien être animal
Si la tendance végétarienne a le vent en poupe, c’est aussi que la place de l’animal dans notre société évolue. Quand, il y a encore deux ans, les animaux étaient considérés comme des « meubles » par la loi, et non comme des êtres vivants, aujourd’hui leur place s’affirme et de nombreux actes qui passaient hier, sont condamnables aujourd’hui.
Les différents scandales dans les élevages, qu’il s’agisse de poules entassées les unes sur les autres dans le noir toute leur vie, ou des animaux torturés avant d’être tués dans les abattoirs, ont remués l’opinion publique et attirent l’attention sur la question du bien être animal.
Il est vrai que l’élevage laisse parfois place (en gardant à l’esprit que chaque élevage a ses méthodes et certains élevages respectent les animaux) à des pratiques plus que douteuses quant au bien être de l’animal. On peut notamment citer le cas des productions laitières : les vaches, avant de pouvoir donner du lait, doivent avoir un bébé. Bien souvent, le veau est retiré bien trop tôt ou séparé de la mère immédiatement après la naissance, pour récupérer le lait qui est lui était naturellement destiné. Nombre de veaux et de chevreaux sont ainsi abattus chaque année dès la naissance, simplement pour pouvoir produire plus de lait.
Encore une fois, il faut bien sûr relativiser ces pratiques qui ne sont pas forcément majoritaires, et mener sa propre réflexion sur le bien être animal. Il s’agit ici plus d’une question morale et personnelle que chacun doit se poser, en fonction de ses valeurs.
Devenir végétarien pour la santé
Devenir végétarien pour la santé peut être un bon choix, si votre régime est équilibré. Par exemple, selon une étude publiée par l’université d’Oxford en 2013, les végétariens présenteraient 32 % de risques en moins de développer une maladie cardiovasculaire que les omnivores. Cette étude montre également que les végétariens ont moins de mauvais cholestérol, et un IMC moins élevé que les non-végétariens.
Une autre étude, réalisée par l’université de Loma Linda (USA), montre que les végétariens ont 22 % de risques en moins de développer un cancer colorectal. Ce taux atteint les 43 % de risques en moins pour les végétariens qui incluent tout de même du poisson dans leur alimentation.
Plusieurs autres études réalisées aux Etats-Unis et en Australie montrent que les végétariens ont une espérance de vie plus longue (le taux de mortalité des végétariens est inférieur de 12 % à celui des omnivores). Attention, ces études ont prouvé que cette affirmation ne repose pas uniquement sur le régime alimentaire : les végétariens ont généralement un mode de vie plus sain. Ils fument moins, consomment moins d’alcool, et font davantage d’exercice physique.
Enfin, il est important de souligner que devenir végétarien pour la santé peut vite se retrouver contre-productif, en cas de carences alimentaires, courantes chez les végétariens. Pour cela, il faut adapter votre régime alimentaire et bien écouter votre corps pour prévenir les carences.
Devenir végétarien sans carence, c’est possible ?
Devenir végétarien sans carence est possible, à condition d’être vigilant sur vos apports nutritionnels. Les carences les plus courantes chez les végétariens sont celles en vitamine D, vitamine B12, en fer et en oméga 3.
- Pour faire le plein de vitamine B, les aliments comme les flocons d’avoine, le pain aux céréales, ou encore le riz brun sont idéals.
- Pour la vitamine D, on la trouve dans les œufs et le fromage, ou tout simplement en s’exposant au soleil (n’oubliez pas la crème solaire pour autant).
- Pour ce qui est du fer et du zinc, vous pouvez miser sur les lentilles, le cresson, ou les épinards, ainsi que dans les pistaches et les amandes.
Si cela ne suffit pas, vous pouvez également vous tourner vers les compléments alimentaires, ou vers les protéines végétales. Ils peuvent facilement s’intégrer dans votre alimentation, notamment dans les périodes ou vous n’avez pas le temps de cuisiner. Si vous avez des difficultés à établir un régime bien équilibré, vous pouvez consulter un nutritionniste qui vous aidera à devenir végétarien sans carence.
Comment devenir végétarien graduellement ?
Pour devenir végétarien graduellement, il faut bien garder à l’esprit qu’il s’agit d’un régime alimentaire à faire évoluer. Ce n’est pas une religion, pas un dogme, ce n’est pas « il faut faire-ci et ne pas faire cela » : en essayant de s’enfermer dans des règles trop strictes, vous risquez de vous décourager dès le départ. Il ne faut pas vous mettre trop de limites d’un coup, et ne pas vous couper des autres. Car oui, on y pense pas forcément, mais quand on sort au restaurant, chez des amis, être végétarien peut poser quelques petits soucis logistiques qu’il vaut mieux anticiper. Bref, le mot d’ordre est le suivant : ne soyez pas trop dur avec vous-même dès le départ.
Pour devenir végétarien graduellement, commencez par réduire simplement les quantités de viande que vous mangez. Attention de ne pas compenser uniquement avec des produits laitiers, qui sont tout aussi riches en lipides que la viande, voir plus. N’hésitez pas à vous renseigner sur les aliments qui peuvent être intéressants dans un régime végétarien, à poser des questions sur différents forums dédiés. Prenez un moment pour vous documenter. Vous pouvez également investir dans un ou deux livres de recettes végétariennes, afin de vous donner des idées et de commencer à mettre au point de nouveaux plats qui vous plaisent. Il faut simplement prendre votre temps, faire les choses au fur et à mesure.
En conclusion, on pourrait dire que le régime végétarien apporte son lot d’avantages, pour la santé, pour l’environnement, mais aussi son lot d’inconvénients en termes de régime alimentaire. Trouver de nouveaux repères, de nouvelles habitudes, et expliquer votre choix autour de vous peut parfois prendre un peu de temps.
Pour autant, gardez à l’esprit qu’un régime avec peu de viande, mais de la viande de qualité et locale, peut être tout aussi bénéfique qu’un régime végétarien. Tout est question de dosage !